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REMANIEMENT : L’APPEL DU VIDE D’EMMANUEL MACRON

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Changer de ministres pour ne rien changer

Le 20 juillet 2023, Emmanuel Macron lançait en catimini son énième remaniement ministériel. Comme d’habitude avec lui , on a regretté d’avoir mis le son tellement le creux de sa pensée faisait mal aux oreilles..
Il allait notamment se lancer dans une surréaliste définition de la fiche de poste d’un ministre « être ministre, ça n’est pas seulement parler dans le poste ». Vu les marges de manœuvre qu’ont les ministres depuis le couronnement d’Emmanuel 1er, on pourrait même ajouter qu’ils n’ont le droit de parler dans le poste que pour remâcher les éléments de langage présidentiels.
Mais au fond cette formule ne faisait qu’illustrer la logique de ce remaniement, avec un gouvernement recentré sur des toutous macronistes aux ordres, et débarrassé de membres de la société civile, qui ont pu pour la plupart mesurer l’absence de marges de manœuvre dont ils ont disposé.
Plus drôle, Emmanuel Macron parlera de devoir d’exemplarité pour les ministres… Quand on sait que 45 ministres ou proches d’Emmanuel Macron ont été poursuivis depuis 2017 sans que ça ait le plus souvent d’impact direct sur leur carrière, on peut se demander de qui il se moque !
Après, on pourrait se dire que c’est une nouvelle résolution en faisant semblant de ne pas se souvenir qu’il nous avait déjà fait le coup de l’exemplarité en 2017. Puis on regarde la composition du gouvernement : Darmanin, Dupont-moretti et Dussopt sont toujours là, avec une petite nouvelle Fadila Khattabi condamnée en juin aux prud’hommes pour non paiement d’heures sups, bienvenue au club ! … C’est curieux chez les macronistes ce besoin de faire des phrases

Education Nationale et Solidarité , le retour des chiens de garde

Aurore Bergé à la Solidarité, Gabriel Attal à l’éducation Nationale, ça ressemble à une mauvaise plaisanterie mais ça corresponds plutôt à un tour de vis. Et pour accompagner ce tour de vis, on a nommé non pas des ministres qui maîtrisent les dossiers mais plutôt des communicants.
C’est inquiétant pour l’enseignement public, saigné à blanc depuis des années, actuellement honteusement comparé au privé. En effet comment comparer les établissements publics, vampirisés au gré des différents plans de rigueur, dont les équipes pédagogiques sont complétées par des « professeurs » recrutés en job dating , qui doivent assurer la formation des élèves des milieux les plus défavorisés, avec les établissement privés, qui bénéficient de recettes privées en plus d’être grassement subventionnés et qui trient sur le volet les élèves qu’ils choisiront d’accompagner. Emmanuel Macron veut continuer à installer un enseignement à deux vitesses, sans mixité sociale, et comme il n’a rien à proposer de concret aux enseignants, sinon de faire plus d’heures pour être mieux payés, pas forcément dans leur matière d’origine, ce qui va impacter la qualité des cours et accentuer le manque d’attractivité du métier de professeur, il a choisi de mettre un pur politique, idéologiquement dans sa ligne pour tenir le cap et faire accepter l’inacceptable aux professionnels de l’enseignement public.
Aurore Bergé à la solidarité ça semble peu sérieux, c’est comme nommer un catholique intégriste au planning familial. Elle va essayer de nous vendre la Solidarité comme une valeur importante tout en veillant à ce qu’on y consacre un minimum d’argent. Ce qu’on attends d’elle ? Qu’elle ose présenter le peu qui sera fait comme de grandes avancées sociales. Là aussi, un ministre de dossier ne serait pas pertinent, elle va devoir nous faire croire que la solidarité est une valeur importante pour ce gouvernement. Bon courage, car plus grand monde n’y croit.

Beaucoup de bruit pour rien

Emmanuel Macron ne veut pas changer de cap et devant la contestation grandissante, il ne veut plus s’entourer que de politiques qui défendront aveuglément sa ligne ultra-libérale. Exit tous les anciens ministres issus de la société civile, pourtant très valorisés par le président lors de son accession au pouvoir. Isabelle Rome, secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes qui a pourtant plutôt fait l’unanimité en sa faveur est sacrifiée au nom de cette logique et est remplacée par Berangère Couillard Députée LREM depuis 2017. Symbole de cette volonté, Rima ABDUL-MALAK est reconduite au ministère de la culture après avoir multiplié les coups de com lamentables, notamment lors de la cérémonie des Molières ou elle avait soigneusement préparé sa réaction faussement spontanée au discours des intermittents du spectacle. Elle récidivera peu de temps après, avec sa pitoyable réaction au discours courageux de soutien aux opposants à la réforme des retraites de Justine TRIET, palme d’or à Cannes. On le sait maintenant, Rima ABDUL-MALAK ne manquera jamais une occasion de joindre l’utile à l’agréable, de se faire un coup de pub tout en faisant du zèle auprès du président. Sa très active flagornerie aura donc payé. Emmanuel Macron a donc constitué une équipe dont il peut être certain de la servilité et de la complaisance pour continuer sa politique de casse sociale. Tous les partenaires sociaux devront rester mobilisés pour poursuivre le combat face à l’esbrouffe de cette troupe de comédiens chargés de nous faire croire à la propagande gouvernementale.

Daniel Large

Confronté, par mon métier dans le service public de l'emploi, aux conséquences de la crise économique et sociale, j'ai décidé de m'investir et militer pour défendre les victimes des politiques libérales.
Electeur de gauche depuis toujours, militant d'une union des gauches n'ayant pas renoncé à une véritable politique sociale. Des concessions oui, mais pas de compromissions.

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