L’imposture MACRON

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Emmanuel Macron est un illusionniste, usant de son omnipotence médiatique pour faire les plus beaux effets d’annonce, avant de renier sa parole peu après avec un cynisme consternant.
Ainsi nous sommes, non pas dans un quinquennat de l’action publique, mais dans un quinquennat de mise en scène de l’action, les éléments de langage emportant tout, l’illusion prenant le pas sur la réalité. Le symbole le plus marquant cette dérive se matérialise parfaitement à travers ses déclarations fracassantes lors du sommet international pour le climat en décembre 2017, et notamment son fameux détournement du slogan électoral de Trump « Make America great again » transformé en « Make our planet great again » qui pouvait laisser entendre un volontarisme politique fort sur la question environnementale. Le résultat sera tout autre : Greenpeace fera remarquer dans un rapport bilan en 2022 que la France n’a pas respecté les accords de Paris et est même le seul des 27 pays européens à ne pas avoir respecté ses objectifs d’énergies renouvelables ! Depuis le début de la crise ukrainienne et l’envol des prix du carburant, on voit que ces retards importants ont déjà un coût pour la population.

Violence physique et violence verbale


Macron est calme, parle avec douceur mais n’en restera pas moins le président qui aura usé le plus fréquemment de la violence d’état , contre les gilets jaunes, les étudiants, les lycéens, les personnels soignants, les pompiers et même comme le fera remarquer Greenpeace  » Ce quinquennat aura été également marqué par une répression d’une ampleur inédite à l’encontre des mouvements écologistes, dénoncée par les organisations de défense des droits humains ». Jamais on avait eu autant d’images choquantes de répression de mouvements populaires : yeux crevés, mains arrachées, soignants ou pompiers victimes de violences, lycéens mis à genoux et tenus en respect comme de dangereux terroristes, étudiants tabassés dans l’indifférence générale, et le sommet avec l’affaire Benalla ou un proche du président, au rôle nébuleux, se fera passer pour un policier pour aller casser du manifestant. Ce même Benalla qui sera soutenu de manière incroyable par le président qui invitera même ceux qui protestent contre l’impunité de cet abus de pouvoir à « venir le chercher ». Quelques mois après les gilets jaunes prendront au mot cette provocation et iront le chercher, c’est encore l’histoire de l’arroseur arrosé. Mais malgré son style de gendre idéal, Emmanuel MACRON aura aussi multiplié les dérapages verbaux, invitant les chômeurs à traverser la rue pour aller travailler. Depuis il a évolué, il veut maintenant inviter les bénéficiaires du RSA à traverser la rue pour aller travailler gratuitement ! Cela montre juste qu’il n’y a pas que l’extrême droite qui emploie la technique du bouc-émissaire. Il osera aussi parler de « ceux qui ne sont rien ». D’ailleurs c’est quoi sa définition ? Ceux qui n’ont pas de rolex à 50 ans comme les définit Seguela ? Ceux qui n’ont pas encore créés leur start up ? Ceux qui ne font pas partie des 1% les plus riches ? Ces derniers semblent d’ailleurs être les seuls gagnants du quinquennat Macron, ça serait donc assez logique. Il a aussi parler de fainéants, de gaulois réfractaires, de pays pas réformable, n’en jetez plus la coupe est pleine ! Puis ce petit génie de la communication a parfois des regrets par rapport à ses excès de langage. Il a même fait une interview à ce sujet pour expliquer qu’il avait beaucoup appris et qu’il avait changé. Avant de récidiver quelques semaines après en affirmant que son projet était « d’emmerder les non-vaccinés ! » Ceux ci étant minoritaires dans le pays, ce nouvel écart ne mangeait pas de pain ! Oh Manu ! tu nous as mal compris, on veut pas que tu changes, on veut que tu partes !

Une crise des valeurs républicaines

Ce quinquennat aura également été celui de tous les dérapages judiciaires. Sous Emmanuel Macron le nombre de mises en cause judiciaires au plus haut niveau de l’état aura explosé pour des motifs divers et variés allant de l’agression sexuelle à l’abus de bien social ou la corruption. Avec une nouveauté toutefois par rapport aux années précédentes : la plupart des mis en examen ont gardé leur poste ! L’Elysée est donc devenu un véritable cluster de délinquance…en col blanc. 15 à 20 proches du gouvernement ou parlementaires ont été impliqués à des degrés divers pendant ce quinquennat. La France occupe le 23 ème rang au monde en terme de corruption, c’est plutôt stable par rapport à 2012 ou la France était au 22eme rang. Ce qui est nouveau c’est plutôt l’explosion des mises en cause au plus haut niveau de l’état. Nicolas Hulot parlera d’ailleurs d’omniprésence des lobbys pour justifier de son départ du ministère de l’environnement…avant d’être lui même mis en cause pour d’autres raisons. L’affaire Benalla aura été une véritable affaire d’état totalement étouffée par la majorité LREM de la commission d’enquête de l’assemblée Nationale, la commission d’enquête du sénat prenant le relais. Cette même commission d’enquête du sénat qui aura révélé l’affaire Mc Kinsey avec le chiffre vertigineux de 2,4 milliards d’euros dépensé par le gouvernement français depuis 2018 en conseils à des cabinets privés. C’est véritablement hallucinant et prouve que l’argent magique peut exister ! Pendant ce temps on continue à réduire les moyens de l’Hôpital public. Il est juste dommage que la commission de l’Assemblée Nationale et ses députés marcheurs godillots n’exerce aucun contrôle démocratique sur l’exécutif. Pas très républicain tout ça… Et c’est la que je veux en venir : tous ces ralliements à Macron de personnalités politiques se justifiant sur les valeurs républicaines est juste risible. En quoi notre président actuel est il plus républicain que les autres ? Il faut être conscient que si LREM était majoritaire au sénat, il n’y aurait plus aucun contrôle démocratique du législatif sur l’exécutif, ce qui est profondément en contradiction avec nos valeurs républicaines. D’autre part, les déclarations d’Emmanuel Macron sur le nécessaire rétablissement du lien abimé entre l’état et l’Eglise est une grave remise en cause de la laïcité. Le refus de débattre d’Emmanuel Macron lors de cette élection présidentielle n’est pas très républicain non plus. La république n’a jamais été aussi abimée que lors de ces 5 dernières années.

HOLLANDE LE PATIENT 0

Mais cette pandémie des valeurs républicaines a un patient 0 et il s’appelle François Hollande.
Emmanuel Macron est un pur produit de la dérive droitière de la gauche, le produit fini d’une dérive de notre démocratie qui aboutit à cette situation : un pays en colère sans solution politique autre que l’extrême droite pour mettre fin à cette mascarade. François Hollande est le grand responsable de cette situation, d’abord par son action en tant que premier secrétaire du PS puis en tuant l’idée même d’alternance par son catastrophique quinquennat qui le verra mettre le pied à l’étrier d’un jeune loup nommé Emmanuel Macron. Celui-ci finira par se libérer de la logique de parti, trop contraignante en convictions pour lui et se fera entièrement financer par les milieux d’affaires qui ont largement amorti les presque 17 millions d’euros investis dans sa campagne présidentielle qu’il leur a déjà remboursé au centuple, ne serais ce qu’à travers la suppression de l’impôt sur la fortune ou la réforme de la flat tax.
François Hollande est un monstre de cynisme, on le voit bien à sa manière de tirer son parti le plus bas possible pour tenter d’en récupérer les restes. Une bonne partie de ses lieutenants soutiennent Macron, une autre partie est restée pour saboter en interne la campagne d’Anne Hidalgo, comme ils avaient saboté celle de Benoit Hamon en 2017.

La défaillance morale de la gauche fait le lit de l’extrême droite


Le PS a été tiraillé ces dernières années entre une aile gauche qui poussait à des réformes sociales et une aile droite qui poussait au clientélisme avec les milieux d’affaire ( je vous conseille de lire le remarquable article du monde diplomatique  » l’oligarchie, le Parti Socialiste et Bernard Henri Levy » écrit en 2007 par Serge Halimi et qui a annoncé tout ce qui est arrivé depuis ), bref une lutte interne perpétuelle entre ceux qui avaient des convictions de gauche et ceux qui avaient choisi le PS parce qu’il était devenu un remarquable outil d’accession au pouvoir. Ainsi à la création du PS, on retrouvait des hommes comme Lionel Jospin, Jean Poperen, Pierre Mauroy, Henri Emmanuelli, Robert Badinter et j’en oublie beaucoup qui étaient de véritables hommes de conviction et c’est à eux que le PS doit ses plus belles heures et ses plus belles conquêtes sociales. La bascule définitive du mauvais côté a démarré avec le 21 avril 2002 et le départ de Lionel Jospin, dernier véritable homme d’état au pouvoir que le PS ait connu. Nous étions à cette époque toujours dans cette ambiguïté des courants qui aura été représentée par 5 années au bilan contradictoire : une politique sociale remarquable avec de bons résultats économiques : Les 35 h, la CMU, les emplois Jeunes mais aussi une part d’ombre avec des privatisations malvenues et une vision européenne déjà trop libérale. Néanmoins, les années Jospin resteront pour l’instant comme la dernière alternance de gauche. A partir du départ de Jospin, les hommes de conviction se sont raréfiés et les arrivistes multipliés au point de devenir largement majoritaires.
Le cynisme est actuellement poussé à son paroxysme avec des hommes politiques qui disent : je suis de gauche et j’appelle à voter Macron. Sinistre plaisanterie que de penser qu’on puisse être de gauche et être pour la retraite à 65 ans, pour la casse des services publics, pour l’université payante devenant inaccessible aux classes populaires, pour criminaliser des victimes de la crise, les bénéficiaires du RSA en leur faisant faire des travaux d’intérêt général, pour la suppression de l’impôt sur la fortune, pour une réforme d’assurance chômage qui commence à jeter de nombreux demandeurs d’emploi dans la grande pauvreté, pour le dépiautage du code du travail, pour la réduction des moyens de l’hôpital public en pleine pandémie…et j’en oublie. Alors moi je dis aux Valls, Touraine, Rebsamen, Le Drian, Le Guen, Suau, par avance toutes mes excuses à tous les nombreux autres arrivistes que j’ai oublié : Vous appelez à voter Macron, c’est votre droit, mais vous êtes de droite, il va falloir un jour avoir le courage de l’assumer… mais par définition l’arrivisme et le courage, ça ne va pas vraiment ensemble…

Reconstruire la gauche sur des bases saines

La gauche ne pourra pas se reconstruire autour du PS qui a maintenant une image catastrophique dans l’opinion et qui n’existe plus que par son implantation locale. Le PS comme la SFIO aura eu une grande histoire, avec ses belles victoires mais aussi ses zones d’ombre et comme la SFIO au début des années 70 est arrivé au bout de cette histoire. Moi je dirais froidement qu’un parti n’est qu’un outil pour défendre des valeurs et des convictions, et que lorsque cet outil est usé, il faut en changer. Je suis parfaitement conscient que c’est plus facile à dire pour moi qui y a passé que quelques mois que pour tous ceux qui y ont milité toute leur vie. Je reste persuadé qu’après cette présidentielle, la gauche devra se recomposer et qu’il faudra éviter l’écueil qui nous a fait perdre 5 ans : que chaque parti se dise que l’on doit faire l’union…derrière lui ! Après ces années noires pour la gauche, il faut avoir la volonté de se regrouper sous une bannière commune qui devra être nouvelle sur des bases programmatiques qui prennent clairement le contre-pied du néo-libéralisme et remette au centre du logiciel l’urgence sociale et environnementale. Le PS est une réalité complexe et il n’y a par exemple pas grand chose en commun entre les priorités sociales dans la gestion du département des landes très ancrées sur des valeurs de solidarité et celle des hollandistes solubles dans la macronie. Il faudra donc reconstruire sans à prioris, sur des valeurs qui font que la gauche apparaisse comme une vraie alternative à la droite et à l’extrême droite.




Daniel Large

Confronté, par mon métier dans le service public de l'emploi, aux conséquences de la crise économique et sociale, j'ai décidé de m'investir et militer pour défendre les victimes des politiques libérales.
Electeur de gauche depuis toujours, militant d'une union des gauches n'ayant pas renoncé à une véritable politique sociale. Des concessions oui, mais pas de compromissions.

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