Dans une période ou nous parlons sans cesse de déficit public, la tendance est à culpabiliser une partie de la population en particulier : les pauvres. Cette tendance, très répandue dans les médias s’explique facilement. Ceux qui ont profité grassement ces dernières années en s’octroyant des dividendes indécents sont aussi les propriétaires de pratiquement tous les grands médias privés.
L’asservissement de la classe politique
Les 500 familles les plus riches ont vu leur patrimoine passer de 200 milliards en 2010 à 1170 milliards en 2024 soit 42% du PIB de la France. Ces 500 ménages ont donc vu leur patrimoine augmenter de prés de 1000 milliards, chiffre à rapprocher des 40 milliards manquants au budget de l’état. Mais de la droite à l’extrême-droite, l’urgence est surtout de préserver le patrimoine de la bourgeoisie d’affaires. Donc qui va payer ? Les précaires, les chômeurs, les classes moyennes, les fonctionnaires, les retraités de demain.
Cette classe qui échappe pratiquement totalement à l’impôt et qui est arrosée d’argent public depuis des années veut que cela continue pour eux. Ils sont insatiables, leur vie est un grand jeu, un Monopoly géant ou accumuler est une obsession, le fric est pour eux une raison de vivre, une addiction, avec une dépendance compulsive aux jeux d’argent. Sauf que si le joueur pathologique a besoin de jouer, le bourgeois a besoin de gagner et souhaite enlever toute incertitude au jeu.
Pour cela, ils ont acheté des médias, financé des campagnes politiques, organisé de grands cocktails avec des responsables politiques organisant leur asservissement volontaire, un esclavage accepté bien docilement, même par des hommes et des femmes de gauche, faisant basculer le socle idéologique du PS du coté obscur de la politique.
Au 21eme siècle, tous les politiques qui se sont succédé au pouvoir ont cassé les services publics, attaqué les acquis sociaux, et permis à la bourgeoisie d’affaires non seulement d’échapper toujours plus à l’impôt mais aussi de profiter d’une redistribution considérable des moyens de l’état sans devoir faire la moindre contrepartie. Cela a démarré avec le deuxième mandat de Chirac, une vieille droite encore démocratique, capable de reculer devant une opinion publique mobilisée, notamment lors des manifestations contre le CIP. L’arrivée au pouvoir de Sarkozy est celle de la réelle prise en main de la politique de l’état par les milieux d’affaires qui aura pu s’appuyer sur un homme politique sans vergogne, sans aucun souci de l’intérêt général, corruptible à souhait.
Ce mécanisme s’est amplifié avec un gouvernement se prétendant de gauche, avec un François Hollande qui nous aura fait bien rire en affirmant qu’il allait mettre au pas la finance, tout en se mettant lui-même au garde à vous face à la bourgeoisie d’affaires en créant le CICE. De ce gouvernement n’est sorti rien de bon, le Hollandisme accouchant du Macronisme ou pendant 8 ans cette politique allait être amplifiée jusqu’à la nausée.
Forcément les médias présentent le Hollandisme comme la gauche de gouvernement car pour eux ne peuvent gouverner que ceux qui défendront stricto sensu les intérêts financiers de leurs patrons. L’Union de la gauche autour du NFP en 2024 avec un vrai programme de gauche, a été caricaturée comme extrémiste lors d’une campagne électorale rance ou les serviteurs zélés de la bourgeoisie d’affaires sont montés au créneau pour lutter contre toute idée de justice sociale ou fiscale. Pourtant, ils ne semblent même plus vouloir la gauche godillot de la droite du PS, qui ne demanderait pourtant que quelques mesures symboliques pour continuer à défendre leurs intérêts. Cette bourgeoisie est trop affamée pour faire la moindre concession.
Pour les affamés, le RN est la seule alternative à la droite
Pourtant, on la vu en 2024, la gauche est capable de soubresauts et les bourgeois ont donc développé ces 20 dernières années des médias totalement acquis à la cause de l’extrême-droite avec pour objectif que la seule alternative à la droite soit l’extrême-droite, redonnant vie au slogan de la bourgeoisie des années 30 « Plutôt les nazis que le Front populaire ». Une partie de la bourgeoisie semble s’interroger sur la pertinence de la démocratie et de l’état de droit avec Retailleau en porte-parole.
L’équilibre des médias actuel questionne sur le fonctionnement de notre démocratie qui se porte vraiment mal. Certes, nous ne sommes ni en Iran, ni en Corée du Nord. Mais le comportement scandaleux et anti-démocratique de certains médias lors de la campagne des législatives de 2024, laisse penser que nous ne sommes plus très loin de l’illibéralisme hongrois et c’est déjà très inquiétant.
Quand on parle de suspension de la réforme des retraites, les médias font défiler de bons petits soldats chargés d’expliquer que non seulement l’abrogation de la réforme des retraites n’est pas souhaitable, mais qu’en plus la retraite à 68 ans est inéluctable. Personne pour rappeler qu’en 2023 le président du Conseil d’orientation des retraites Pierre Louis Bras disait que l’équilibre des retraites n’était pas en danger et donc que la réforme n’était pas nécessaire. Résultat Emmanuel Macron l’a débarqué. Pas grand monde non plus pour inviter Mickael Zemmour, économiste spécialiste des retraites qui exprimait le même avis et expliquait que la réforme était surtout faite pour que l’on puisse continuer à financer les baisses d’impôt pour les entreprises. Personne non plus pour rétorquer que l’équilibre des retraites ne repose pas que sur un quotient nombre d’actifs/nombre de retraités. Que comparer cette équation avec celle des années 60 est stupide. Car le véritable calcul est plutôt le quotient Richesse créée/nombre de retraités. Et que l’immense augmentation de la productivité depuis les années 60 compense en grande partie l’évolution démographique. Quand à l’argument fallacieux sur le fait qu’ailleurs en Europe on travaille plus longtemps, ça ne relève pas d’une logique mathématique mais seulement d’une question de rapport de force, ailleurs les ultra riches ne sont pas moins affamés, ils n’ont juste pas eu de modèle social à détruire
Les télévisions, les radios ne fabriquent plus de débats, elle font défiler des chiens de garde qui débitent des certitudes servant les intérêts d’une bourgeoisie boulimique… Sur les réseaux sociaux, les plus pénibles sont les militants macronistes qui défendent mordicus de manière passionnée et quasiment religieuse la politique menée par le président. Ces gens, trop lâches pour s’en prendre aux vrais responsables, reprochent aux pauvres de manifester en faisant remarquer qu’il y a des pays ou les pauvres sont encore plus pauvres, et ces personnes, souvent âgées et lovées dans de confortables retraites obtenues grâce aux combats sociaux du 20eme siècle, crachent sans vergogne sur les manifestants du 21eme siècle, oubliant que dans l’histoire rien n’a jamais été donné par les bourgeois, tout a été gagné et obtenu par de la détermination et du courage.
J’ai une méfiance exacerbée envers ceux qui n’ont que le combat contre l’extrême-droite à la bouche tout en prônant une politique bienveillante envers la bourgeoisie d’affaires. En effet si le RN est aux portes du pouvoir, ça n’est pas seulement parce que le racisme serait en progression, ce que d’ailleurs je conteste. Le racisme était plus important dans les années 80, mais peu d’électeurs faisaient du racisme un point central dans leurs choix politiques. Le souvenir de l’extrême droite au pouvoir pendant le régime de Vichy était encore vivace et pas grand monde n’osait voir cela comme un débouché politique. Le racisme est moins massif de nos jours, c’est d’ailleurs dans les quartiers ou la cohabitation entre les habitants aux origines différentes est la plus importante que le RN progresse le moins, mais les médias ont rendu le débouché politique axé sur le racisme acceptable.
La montée du RN est due à la conjonction de 2 causes :
-La première cause est que la gauche au pouvoir a craché sur les intérêts des classes populaires entre 2012 et 2017 (CICE, théorie du ruissellement, loi El Khomry, criminalisation des chômeurs avec la création du Contrôle de la Recherche d’Emploi). Bref la féodalisation de la gauche hollandiste par les Affamés aura été tellement évidente que les classes populaires ont renoncé à croire à la gauche.
– La deuxième raison est l’action directe des Affamés sur les médias pour promouvoir des thématiques extrémistes comme le grand remplacement, attiser les peurs par rapport à l’islamisme en faisant croire qu’il serait sur le point de prendre le pouvoir en France. Cette volonté d’assimiler l’ensemble des musulmans à l’Islamisme a participé à l’apparition d’un racisme bien spécifique : l’islamophobie.
Le défilé ininterrompu de chroniqueurs à moitié débiles pour soutenir les thèses les plus farfelues ont comme par hasard plus d’influence dans les campagnes, c’est à dire auprès des français qui ne vivent pas avec les immigrés ou les français d’origine étrangères.
La partie des électeurs du RN non racistes et qui croient au coté social de ce parti se font duper et vont malheureusement très vite déchanter. Si certains ultra riches ont investi massivement dans les médias sur le RN, c’est pour continuer à se gaver et les pauvres n’ont rien à en attendre. Il suffit de regarder l’histoire pour en être convaincu : quels acquis sociaux ont été obtenus grâce à l’extrême-droite ? La réponse est simple : aucun.
La sociologie des électeurs macronistes est différente, plutôt âgée avec des comportements de repli sur leurs petits privilèges et prêts pour cela à désigner des boucs-émissaires (pauvres, chômeurs, étrangers). Ils se font des illusions si ils pensent que les affamés les épargneront au bout du compte. Certains parlent d’ailleurs déjà de s’attaquer à leurs retraites.
Mais les autres victimes des affamés sont les commerçants, les artisans, les PME qui sont eux aussi victimes de la voracité de la bourgeoisie d’affaires. Le CICE, le « quoi qu’il en coute » pendant le covid ont un point commun : celui d’être donnés de manière unilatérale, sans contrepartie. Donc les multinationales qui n’embauchent pas, celles qui se sont gavées pendant le covid comme les chaines d’hypermarché, ont toujours la part du lion des aides d’état. Elles sont les mieux servies dans le CICE, ont été les mieux servies pendant le covid pendant que les petites entreprises, celles qui embauchent et celles qui ont été très impactées par le covid n’ont eu que des miettes. Au fond, ils sont traités avec le même mépris que les autres et ont malheureusement le tort de penser qu’ils sont dans le même bateau que les grandes oligarchies et que leur problème sont les aides sociales pour les pauvres. Ils se trompent et sont eux aussi victimes des affamés mais semblent refuser de le voir.
Les ultra riches, insatiables, surfent sur cet étrange attelage entre des électorats différents pour se maintenir au pouvoir et défendre leurs intérêts. Ils divisent, attisent les haines, désignent des bouc-émissaires. Pour eux, un monde ou une poignée d’oligarques raflent tout pendant que tous les autres se battent entre eux est le monde idéal. Pour cela ils rêvent d’installer un clivage droite/extrême-droite ou ils seraient gagnants quoiqu’il arrive. Cette bourgeoisie avide, n’est pas toujours férue d’histoire sinon elle saurait qu’un régime autoritaire au pouvoir peut créer un monstre dont ils pourraient perdre le contrôle. Certains oligarques l’ont payé de leur vie en Russie au début de la guerre en Ukraine. Cela n’a pas empêché les milieux d’affaires internationaux d’appuyer l’arrivée au pouvoir de Trump, Bolsonaro ou Milei. Or le pouvoir est une drogue dure et quand on voit comment un petit banquier sans envergure a pu abîmer la démocratie en France, comment Trump ou Bolsonaro ont tenté un coup d’état après leur défaite électorale, on ne peut être que très inquiet.
Ces affamés sont insatiables, drogués au fric et cette addiction a un effet négatif sur leur intelligence. Ils sont plus attachés au développement sans fin de leur patrimoine qu’au bon fonctionnement de notre démocratie et même de notre économie qui permettrait une meilleure redistribution des richesses et un développement économique plus important. Ils ne veulent faire aucune concession même quand ça pourrait débloquer une situation compliquée. Le forçat de l’Elysée est leur porte-parole et ne peut que relayer la voix de ses maîtres. Bientôt le patrimoine des 500 ménages les plus riches dépassera les 50% du PIB pendant que les inégalités et la pauvreté continueront à exploser. A partir de quel taux pourra t’on parler de république bananière ? On y est presque, la corruption est déjà généralisée, les juges qui luttent contre cette corruption sont menacés, l’affaire Sarkozy aura été une démonstration par l’absurde de cette triste tendance.

Bravo Daniel et merci pour cette analyse bien claire !!!!!