« Le libéralisme c’est la liberté, la liberté du renard libre dans un poulailler libre »
Une épine dans le pied des libéraux
Cette citation souvent attribuée à Jean Jaurès agace particulièrement tous les disciples de la pensée libérale. Si vous faites une recherche sur google en renseignant « renard libre dans poulailler libre » vous aurez la surprise de tomber essentiellement sur des « Think Tanks » libéraux qui essaient de « contrer » cette remarquable métaphore. Si cette citation les agace autant, c’est certainement qu’elle mets le doigt là ou ça fait mal… Le site wikibéral parle notamment de comparaison simpliste, le site libéral contrepoints parle lui de « slogan » et consacre un article entier surréaliste (on y parle de l’état assimilé à un éleveur comme d’un être supérieur aux poules, un prédateur au même titre que le renard.).
Pour répondre à cet article, je dirai que l’état est un concept et non un être, et que le peuple à la possibilité de changer ses représentants dans le cadre des élections, bref pour en revenir à la métaphore , les poules ont la possibilité de choisir leur éleveur, pas leur renard.
De manière assez peu surprenante, il n’ y a pas qu’à droite que cette phrase agace.
Sur le site « gauche libérale », on critique cette citation de Jaurès en argumentant sur le fait qu’elle méconnait l’un des grands principes du libéralisme, qui est le consentement des parties et le refus de la coercition.
Cet argumentaire serait risible si cette gauche libérale n’avait pas été au pouvoir pendant 5 ans et discrédité la gauche française pour de nombreuses années.
Donc pour eux dans un pays libéral, le grand principe du consentement des parties et du refus de la coercition s’applique naturellement quels que soient les rapports de force.
Donc dans un pays ou des millions de français sont en situation de précarité, ce grand principe va s’imposer naturellement.
Or, l’idée se limitait justement a illustrer le fait que dans une société , la somme d’intérêts individuels ne pouvait pas aller dans le sens de l’intérêt de la totalité de la collectivité.
Ainsi pour reprendre leur raisonnement , il semblerait que cette gauche libérale pense que le renard est végétarien et qu’il va naturellement partager le maïs avec les poules.
Le social-libéralisme ne peut pas être de gauche
Ce courant se définissant comme social-libéral s’oppose à cette vision attribuée à Jaurès. Certainement au nom de la modernité…
D’un autre coté, ils se sont convertis à la réduction du rôle de l’état à ses fonctions régaliennes, c’est à dire à la vision d’Adam Smith en 1776 dans son ouvrage « La richesse des nations », certainement aussi au nom de la modernité !
Le concept de social-libéralisme est une imposture car il repose sur deux termes totalement contradictoires : le libéralisme ne peut pas être social, des intérêts individuels ne s’harmonisant jamais naturellement, surtout dans un contexte où les rapports de force sont déséquilibrés. Ce qui a pour conséquences de creuser les inégalités, ce qui a largement été le cas en France lors de ces 30 dernières années.
Le libéralisme nie les différences entre les individus et le concept de social-libéralisme permet uniquement, à des hommes de droite, d’occuper l’espace politique de la gauche.
Les dernières élections présidentielles ont apporté la clarification autrefois réclamée par Manuel Valls mais pas de la manière dont il l’aurait souhaitée :
Il espérait se débarrasser de l’aile gauche du PS et c’est lui, qui suite à sa débâcle aux primaires de la gauche, se bat maintenant pour avoir le logo d’une majorité présidentielle avec un chef de gouvernement LR à qui il ne cesse de faire des appels du pied.
La démonstration est faite : le social-libéralisme est très compatible avec la droite, on en avait jamais vraiment douté !
Si on part du principe qu’il n ‘y a pas à court terme d’alternative au capitalisme, le devoir de la gauche va être de se poser cette question :
Dans une société capitaliste qui peut permettre un développement rapide des richesses mais qui semble considérer les reculs sociaux et la dégradation de l’environnement comme de simples dégâts collatéraux, que va t’on faire des personnes restant sur le bord du chemin ? Comment associer les personnes les plus fragiles au partage des richesses obtenues ? Comment imaginer un modèle de développement prenant en compte la protection de l’environnement ?
L’état garant de la solidarité
Cela ne se fera pas naturellement et l’ADN de la gauche doit être la réflexion sur le rôle de l’état qui devra organiser un modèle de développement qui profitera à tous et qui respectera notre environnement , la solidarité doit être au cœur de la gauche !
La gauche doit battre le fer sur ce terrain, doit continuer à s’appuyer sur une pensée économique alternative, qui est encore bien vivante ! (Contrairement à ce qu’on pourrait croire, en assistant au défilé continu des économistes libéraux débattant entre eux dans les médias.)
Dans un contexte électoral où l’on nous vend le choix des compétences individuelles et la fin des idéologies, où il semble possible de mener une nation avec des personnalités ayant des étiquettes politiques différentes, il est important de rappeler que lorsqu’il n’y a plus d’idéologies , il ne reste que l’idéologie dominante, c’est à dire le libéralisme. Et le libéralisme est une idéologie de droite !
La gauche doit se reconstruire sur ses valeurs à partir d’un projet économique alternatif ou elle cessera d’exister.