Vous condamnez la violence ?
Cette question à laquelle ont droit tous les hommes politiques de gauche à chaque fois qu’une manifestation dérape , même si cette manifestation est globalement très pacifique est devenu un grand classique. Des millions de personnes se mobilisent dans une ambiance bon enfant pour la dixième fois en 3 mois contre la réforme des retraites et le fait, pourtant exceptionnel en lui même, est occulté par les médias qui feront le choix éditorial douteux de passer en boucle le spectacle de poubelles qui brulent en interpellant tous les hommes politiques de gauche invités avec une question qui oriente le débat, non pas sur le fond, et l’analyse d’un mouvement social d’une ampleur et d’une durée exceptionnelle , mais sous l’angle de la violence anecdotique d’une poubelle qui brûle. Pourtant ces animateurs de foire, de moins en moins journalistes et de plus en plus militants pourraient avoir bien des occasions de s’indigner, dans un pays ou la moitié du gouvernement est impliqué dans des affaires de justice. Mais non, ce qui intéresse vraiment ces gens là, ce sont les poubelles qui brûlent…
En réaction à cet état de fait et en tant qu’homme de gauche, je vais faire une liste non exhaustive de toutes les violences que je condamne.
1/ Je condamne la violence des journalistes qui discréditent des juges indépendants qui ont le courage exceptionnel de poursuivre et condamner un ancien président pour qui la tolérance 0 n’est toujours que pour les autres.
2/ Je condamne la violence d’une ministre de la culture qui se permets de taxer d’ingratitude une palme d’or au festival de Cannes en voulant faire croire qu’une artiste subventionnée doit mettre ses convictions de coté et ne pas mordre la main qui la nourrit. Or ça n’est pas un gouvernement qui finance un film, c’est l’état, et à travers lui l’ensemble des français. Ce gouvernement n’a pas créé l’exception culturelle française, il la tolère à peine, et, obnubilé par la défense d’intérêts privés, il réfléchit à sa remise en cause, ce que dénonçait très justement Justine Triet.
3/ Je condamne la violence d’un gouvernement qui menace des élus corses susceptibles de voter l’abrogation de la réforme des retraites en laissant planer le doute sur la réforme en cours du statut de la Corse.
4/ Je condamne la violence d’un gouvernement qui a peur du suffrage universel, qui utilise tous les artifices possibles pour faire passer une réforme dénoncée par près de 90 % des actifs. La constitution de la 5eme république est dangereuse à travers toutes les possibilités qu’elle offre à un seul homme pour gouverner sans tenir compte du parlement. Les articles 40, 47/1, 49/3 n’avaient jamais été utilisés de manière simultanée pour entraver la démocratie et si l’extrême droite arrive au pouvoir elle pourra gouverner de manière autoritaire rien qu’en s’appuyant sur les jurisprudences existantes grâce à ce gouvernement irresponsable.
5/ Je condamne la violence des mots, ceux d’un président qui ne perds jamais une occasion de manifester son mépris envers tous ceux qui ne pensent pas comme lui. Il y a eu « ceux qui ne sont rien » , le fait « qu’il suffise de traverser la route pour retrouver un emploi ». Il osera même parler au sujet de tous les opposants à la réforme des retraites « d’irresponsabilité collective » et même évoquer un « déni de réalité », un comble de la part d’un pouvoir qui a menti de manière éhontée sur l’augmentation de la retraite minimum, ce que même le Conseil Constitutionnel a été obligé de reconnaître.
6/ Je condamne la violence du Conseil Constitutionnel qui après avoir été obligé de reconnaître les mensonges gouvernementaux et l’insincérité des débats sur la réforme des retraites a tout de même osé valider cette réforme, rendant de fait l’utilisation de fake news dans le débat parlementaire constitutionnelle avec cette conclusion surréaliste sur l’utilisation de données approximatives par les ministres sur le minimum vieillesse comme « sans incidence sur la procédure d’adoption de la loi », « dès lors que ces estimations ont pu être débattues »
7/ Je condamne la violence des consignes données de nasser systématiquement les manifestants pour provoquer des violences réprimées dans le sang comme on ne l’avait plus vu depuis près de 60 ans. « Mains arrachées, oeils crevés le bilan de ce gouvernement dans la gestion des manifestations est catastrophique.
8/ Je condamne la violence de ceux qui laissent crever l’hôpital public, qui violentent les personnels soignants quand ils manifestent, quelques mois après les avoir fait applaudir avec un cynisme sidérant lors du premier confinement. A coté de l’étranglement des services publics, on utilise plusieurs milliards pour des « conseils » de cabinets privés comme Mc Kinsey dont l’action n’aurait pas consisté qu’à travailler pour le bien public.
9/ Je condamne la violence et le cynisme d’un président qui appelle toute la gauche et notamment Jean Luc Melenchon à faire barrage à l’extrême droite le soir du premier tour des présidentielles en 2023 et qui 2 mois après, lors du second tour des législatives laisse la Macronie refuser de choisir entre la gauche et l’extrême droite avec le raisonnement lunaire de ne pas vouloir choisir entre les « extrêmes ». Sur 62 circonscriptions, seulement 7 appelleront à voter pour le candidat de gauche.. Edifiant…
10/ Je condamne la volonté de laisser courir les black bocks qui semblent insaisissables, essentiellement parce qu’ils sont utiles au pouvoir pour discréditer les manifestants. On voudrait nous faire croire qu’on est capables de déjouer des attentats et incapables de coincer des personnes qui ne prennent même pas la peine de se cacher. « Oui on pourrait arrêter les black blocks, oui on sait par ou ils arrivent, oui on attends l’ordre de les arrêter mais les ordres ne viennent pas « témoigne la policière Linda Kebbab
Daniel Large
Confronté, par mon métier dans le service public de l'emploi, aux conséquences de la crise économique et sociale, j'ai décidé de m'investir et militer pour défendre les victimes des politiques libérales.
Electeur de gauche depuis toujours, militant d'une union des gauches n'ayant pas renoncé à une véritable politique sociale. Des concessions oui, mais pas de compromissions.