CAP VERS LES LEGISLATIVES

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Le 10 avril dernier, la France était sous le choc d’un deuxième tour entre 2 personnalités honnies. La fin du clivage droite/gauche point d’équilibre de notre démocratie, orchestré par Emmanuel Macron avec son grotesque « en même temps » a amené à cette situation ou la seule alternance possible à un quinquennat catastrophique est une extrême-droite xénophobe et antirépublicaine. Mais Nicolas Sarkozy qui a banalisé le discours de l’extrême-droite et François Hollande qui a proposé une fausse alternance, discréditant la gauche pour de nombreuses années ont également une lourde responsabilité dans ce désastre. Lorsque l’on est de gauche ou même simplement républicain, le soir du 10 avril, on était déjà éjecté du second tour des présidentielles et on avait plus le choix qu’entre 2 propositions inacceptables.

FAIRE BARRAGE A L’EXTREME DROITE LE 24 AVRIL

Emmanuel Macron a été le pire président de la 5eme république, il nous a proposé un quinquennat ultra-libéral, clientéliste avec sur la forme une arrogance dans sa communication, doublé d’une absence d’intelligence qui le mets en position d’être battu dans une élection imperdable pour lui il y a quelques semaines. Tout a été surestimé chez Emmanuel Macron, son charisme comme son intelligence, les médias nous ont vendu un mulet en nous le faisant passer pour un cheval de course. Mais cette escroquerie a été éventée au pire moment : quand il se retrouve au second tour face à une extrême droite raciste et xénophobe. Le pire est que c’est lui qui a voulu cette deuxième confrontation, jouant à l’apprenti sorcier avec notre démocratie qu’il avait déjà bien abimée lors de son quinquennat. Ma première réflexion, sur la colère, avait été de le laisser à ce second tour aventureux, son catastrophique bilan et ses annonces sur son prochain quinquennat me laissant penser qu’on ne pourrait pas avoir pire… Malheureusement, l’espèce d’auréole que les médias ont mise sur la tête de Marine Le Pen pour assurer la victoire de Macron au second tour m’avait un peu fait oublier ce qu’est l’extrême-droite en France. Car l’extrême-droite au pouvoir, et ça me fait mal de le dire, ça serait encore pire qu’Emmanuel Macron. Car si lors de ce quinquennat, la violence d’état envers les manifestants a été la plus forte depuis 60 ans, qu’attendre d’une candidate qui a proposé d’entraver les poursuites pénales à l’encontre des policiers en cas d’usage d’armes à feu, qui n’auraient alors plus à apporter la preuve de la légalité de leur tir. Ses accointances avec la partie de la police la plus inquiétante, le syndicat d’extrême-droite Alliance nous promettrait des risques de dérapage bien plus importants. De plus quand on voit que le modèle de Marine Le Pen est la Hongrie ou La Pologne et qu’on constate ce qui est fait aux juges ou aux journalistes qui s’opposent là-bas au régime, on peut également trembler… Actuellement ce qui n’est pas démocratique, c’est qu’on donne très peu de tribunes aux opposants dans les médias traditionnels et que les juges qui osent s’attaquer au pouvoir ont des trajectoires de carrière moins intéressantes, ce qui est déjà scandaleux… mais avec Marine Le Pen ils seraient en grand danger. Les contre-pouvoirs (presse, justice) sont nécessaires dans une démocratie et même si ils ont été mis à mal sous Macron, ils pourraient être anéantis sous Le Pen. Notre constitution a des faiblesses, et notamment l’article 16 qui, entre de mauvaises mains peut vraiment instaurer une quasi-dictature en France avec toutes les apparences de la légalité, et ça peut inquiéter ce qu’une femme politique qui a de l’admiration pour Poutine et qui soutenait Trump et Bolsonaro pourrait en faire. Même sur le plan social, il n’y aurait rien à attendre de Marine Le Pen. Si le programme de Jean Luc Melenchon était cohérent avec un financement des mesures sociales et de la relance économique qui en découle par une hausse de la fiscalité importante pour les plus riches, rien n’est financé dans le programme de Marine Le Pen qui promet aussi une baisse de la fiscalité. Et donc, une fois au pouvoir à quoi renoncera-t-elle ? Au social ou à la baisse des impôts pour les plus riches ? Le soutien à peine voilé de BFMTV (inquiétant sur le résultat final) et donc des milieux d’affaire à sa candidature est un premier élément de réponse. J’avais toujours dit que la disparition du débat droite/gauche était un véritable danger car il faisait disparaitre les convictions, et que lorsqu’il n’y a plus de convictions, il ne reste que les ambitions, ce qui fait le lit d’un clientélisme généralisé…. Et lorsque le clientélisme est généralisé, ce sont les milieux d’affaires qui gouvernent, qui créent et brisent les trajectoires politiques. Pour conclure, je dirai que si Macron a effectivement abimé la république, Marine Le Pen la détruirait…


BATTRE MACRON EN JUIN

Quel que soit le vainqueur le 24 avril, tout se jouera aux élections législatives.

2 présidents inacceptables

Emmanuel MACRON a déjà dit qu’une victoire le 24 avril vaudrait soutien à sa politique. On ne peut donc pas lui faire confiance par rapport à ses promesses sur l’écologie ou les retraites faites en dernière minute sous le coup de la panique. Ce personnage froid et cynique déroulera le programme que lui dictent ses financeurs sans aucun état d’âme. Quant à Marine Le Pen, sa volonté de changer la constitution et de passer les législatives à la proportionnelle corresponds à sa peur que le plafond de verre se referme sur elle aux élections législatives même en cas de victoire aux présidentielles. En Autriche, avec un système proportionnel, il est devenu compliqué de gouverner sans l’extrême droite et la droite traditionnelle s’allie à l’extrême-droite sans aucun état d’âme pour rester au pouvoir. En 2000 l’alliance entre les conservateurs et l’extrême droite de Jorg Haider verra pour la première fois en Europe depuis la seconde guerre mondiale cette dernière participer à un gouvernement, ce qui créera un véritable séisme politique notamment au sein de l’Union Européenne. En 2017, c’est dans une totale indifférence que Heinz-Christian Strache accédera au poste de vice-chancelier en 2017 grâce à une alliance avec…le parti libéral autrichien.
Que ça soit en Autriche ou en Hongrie, on peut constater à quel point l’extrême-droite est compatible avec le libéralisme. Orban avait été élu en 1998 pour la première fois avec une étiquette de libéral. Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’en France, les deux hommes politiques totalement financés par le secteur privé, sans soutien d’un parti institutionnel aient été Emmanuel Macron et Eric Zemmour, l’alternance rêvée des milieux d’affaire étant celle entre les libéraux et l’extrême droite, ainsi leurs intérêts sont préservés quel que soit le résultat des élections.

Les gaulois réfractaires

Heureusement la France n’est ni l’Autriche ni la Hongrie et la majorité des français ont la sensation d’avoir été piégés par cette présidentielle qui va voir un ou une présidente élue mais qui sera un véritable repoussoir pour près des ¾ des français. Les jeunes et les étudiants se sont mobilisés de manière importante lors du premier tour et les étudiants continuent à manifester devant ce désastre démocratique. Le slogan des étudiants : dégageons Le Pen combattons Macron est d’ailleurs remarquable et nous rappelle que le véritable enjeu n’est pas le 24 avril ou nous devrons choisir entre deux désastres mais les 12 et 19 juin ou nous aurons l’occasion de les écarter du pouvoir. Emmanuel Macron avait parlé comme souvent avec mépris des français en parlant de « gaulois réfractaires ». En ce qui me concerne, faire partie du peuple qui se soulève en 1789 contre la monarchie, qui invente les droits de l’homme et du citoyen, qui se soulève lors de la commune en 1870 contre les derniers soubresauts monarchistes et qui aujourd’hui proteste contre le fait d’être enfermés dans un choix entre le libéralisme dogmatique et clientéliste et l’extrême droite raciste et tout aussi clientéliste, c’est plutôt une vraie fierté !

La Gauche doit réagir

La gauche a une lourde responsabilité dans cette situation. D’abord par rapport à ceux qui ont trahi tous nos idéaux en tombant eux aussi dans le clientélisme. Ils sont faciles à reconnaitre, ce sont ceux qui ont essayé de nous vendre le concept fumeux de social-libéralisme. La plupart ont déjà rejoint la Macronie, les autres veulent dissoudre le PS et reconstruire autour de François Hollande. Il faudra combattre ces imposteurs qui ne font plus partie du champ de la gauche. On ne peut pas s’allier avec ceux qui seront susceptibles de changer de camp une fois élus. Tous les autres doivent se réunir sur des bases programmatiques claires, en rupture avec le libéralisme. L’union populaire dont l’excellent score a sauvé la gauche d’une disparition totale a une lourde responsabilité et doit être le leader de la coalition de gauche qui remportera les législatives de juin. Mais pour gagner ces élections, elle devra respecter tous ses partenaires au sein d’un accord qui mobilisera toutes les tendances de la gauche sur un socle économique et social proche de l’Avenir en Commun qui propose une véritable rupture avec la dérive libérale de ces 30 dernières années. Nous devons être convaincus que c’est possible et commencer à d’ores et déjà à communiquer sur cet important rendez-vous des législatives en juin et notamment auprès des jeunes qui représentent l’avenir et l’espoir de notre démocratie.

Daniel Large

Confronté, par mon métier dans le service public de l'emploi, aux conséquences de la crise économique et sociale, j'ai décidé de m'investir et militer pour défendre les victimes des politiques libérales.
Electeur de gauche depuis toujours, militant d'une union des gauches n'ayant pas renoncé à une véritable politique sociale. Des concessions oui, mais pas de compromissions.

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