Le 28 octobre 2018, lors d’une funeste soirée électorale, Jair Bolsonaro amenait l’extrême droite au pouvoir au Brésil largement soutenu par les milieux d’affaires du pays, séduits par le profil de son expert économique Paulo Guedes, un pur produit de l’école de Chicago dont les théories économiques polluent le monde entier depuis près d’un demi-siècle. Cela montre une nouvelle fois à quel point le capitalisme peut être soluble dans l’extrême droite, si des intérêts financiers importants sont en jeu.
Le Chili, laboratoire du néo-libéralisme
La première tentative d’infiltration des théories de Milton Friedmann en Amérique du Sud allait être un échec quand le 03 novembre 1970 Salvador Allende gagnait l’élection présidentielle malgré un lobbying effréné des milieux d’affaire américains pour imposer leur doctrine ultra-libérale. Les Chicago Boys allaient devoir attendre. Le 11 septembre 1973 ce qui n’avait pas été possible par la démocratie le devenait par la force, Pinochet soutenu par les américains allait fomenter un coup d’état qui allait renverser la démocratie chilienne, Salvador Allende allait être éliminé, les Chicago boys étaient de retour, le pillage du Chili pouvait commencer, cette histoire démontrant que le capitalisme pouvait être également soluble dans la dictature.
Tel un cancer, cette vision de l’économie allait se répandre dans la plupart des dictatures sud-américaines avant de s’imposer dans les années 80 de manière spectaculaire dans de grandes démocraties comme la Grande Bretagne et les Etats-Unis avec les arrivées au pouvoir de Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Cette vision mortifère de l’économie allait finir par s’imposer dans la plupart des sociétés occidentales, souvent de manière insidieuse, dénaturant un peu partout la vision social-démocrate, concept ayant perdu tout son sens, même et surtout par rapport à ceux qui s’en réclament.
La France touchée par le néo-libéralisme
En France, pays très imprégné par une histoire riche de luttes sociales ( Front Populaire, Mai 68), d’acquis importants, cette culture économique s’est imposée de manière très insidieuse, les métastases commençant par contaminer la droite dés le début des années 80 et finissant par toucher la gauche française, d’abord de manière peu assumée, puis de manière affirmée et cynique avec l’avènement du social-libéralisme lors du sinistre quinquennat Hollande.
Ceux qui auraient dû s’opposer à cette vision néo-libérale de la société, à ce pillage organisé du patrimoine commun par une minuscule minorité ont fini par céder aux sirènes du clientélisme et ont trahi tous ceux qui comptaient sur eux.
A cause de cette trahison, la gauche a pour l’instant perdu toute crédibilité, et c’est d’ailleurs l’ancien ministre de l’économie de ce gouvernement de gauche, qui, une fois parvenu au pouvoir aura appliqué avec le plus de zèle les théories de Friedmann avec la même conséquence que dans tous les pays ou sont appliqués ces préceptes : Augmentation du nombre de personnes sous le seuil de pauvreté et explosion des grandes fortunes.
Plusieurs nuances d’une même idéologie : du bleu au brun
Du coup en France, la situation politique est dramatique à la veille des présidentielles : Les 4 candidats en capacité de gagner sont de droite ou d’extrême-droite et partagent la même vision économique face à une population perdue et démobilisée qui ne se voit plus proposer que des boucs-émissaires. L’extrême droite fait croire aux pauvres de nationalité française que leur seul problème sont les étrangers, la droite quant à elle aimant opposer les salariés aux chômeurs, faisant croire à chaque pauvre que les responsables sont d’autres pauvres, une nouvelle version de « l’enfer, c’est les autres », enfermant le débat sur des discours de haine.
Pendant ce temps, après avoir installé Macron au pouvoir, les ultra-riches ont décidé de lui fabriquer un opposant d’extrême droite, Eric Zemmour, produit sponsorisé par Vincent Bolloré et faire ainsi disparaitre du débat politique toute alternative au néo-libéralisme.
Quand on voit se profiler cette présidentielle on a très peur qu’ils soient parvenus à imposer un clivage droite/extrême droite dans lequel ils seraient gagnants quel que soit le résultat.
Un nouvel espoir
Puis le 19 décembre 2021, on apprend que Gabriel Boric, à la tête d’une vaste coalition de gauche est parvenue au pouvoir au Chili, pays qui aura été le laboratoire du néo-libéralisme suite au coup d’état qui renversa Salvador Allende, quel symbole d’espoir !
La perspective est magnifique : Gabriel Boric, candidat de la gauche radicale qui bat nettement un ancien partisan de Pinochet avec la volonté affirmée de sortir du néo-libéralisme. Le vainqueur poussera même le symbole jusqu’à nommer la petite fille de Salvador Allende, victime en 1973 d’un coup d’état militaire, ministre de la défense !
Au Chili, les nouvelles générations ne se sont pas trompé d’ennemi et se sont fortement mobilisées pour barrer la route à l’extrême droite.
En 2019, la gauche aura su mobiliser de manière massive sur la thématique des inégalités lors d’un vaste mouvement social orienté sur des valeurs de solidarité.
Au Chili, la gauche a gagné en mobilisant sur des valeurs qui rassemblent, a combattu les thématiques de haine proposées par l’extrême-droite et ciblé l’idéologie néo-libérale dont ils avaient été les premières victimes à partir de 1973. Ils nous ont montré la voie et redonné de l’espoir dans cette période d’obscurantisme de la pensée.
Croyons en nous et en nos valeurs, la modernité c’est la solidarité, la modernité c’est de lutter contre la prédation et le pillage des ultra-riches, la modernité c’est nous !