Guillaume Lacroix président du PRG, allait, lors d’un entretien à l’express le 22/07/2023 appeler à une discussion Melenchon/ Cazeneuve, pour le bien de la gauche. Dans le même article il invitera Jean Luc Melenchon à prendre des vacances, de grandes vacances même, ce qui laisse augurer d’une certaine mauvaise foi dans cet appel à l’union.
Cet ancien proche de Manuel Valls, fut le grand artisan du rapprochement entre le PRG et le parti radical Valoisien ce qui fracturera son parti (scission avec son aile gauche qui fondera LRDG) mais qui lui permettra de finaliser un rapprochement avec la Macronie en 2017.
Depuis le PRG suit le sens du vent, et la brise a donc porté Guillaume Lacroix jusqu’à la Convention, le nouveau mouvement anti-Nupes du PS dont Bernard Cazeneuve est le leader.
Son intervention n’est pas innocente et en créant la possibilité d’une alliance à laquelle il ne croit pas, il essaie surtout de mettre son champion du moment au centre du débat à gauche. Ainsi son argumentaire consiste à dire que le peuple de gauche ayant besoin à la fois de la radicalité de Jean Luc Melenchon et du coté protecteur de Bernard Cazeneuve, ce ticket serait forcément gagnant.
Donc après avoir critiqué à juste titre le manque de cohérence programmatique de la NUPES, il propose un mixte délirant entre le Hollandisme et le Mélenchonisme.
La vérité est qu’il aimerait ramener le débat politique à gauche à un choix entre Jean Luc Melenchon et Bernard Cazeneuve, c’est à dire entre deux tickets perdants à gauche.
En effet ni la carpe, ni le lapin ne pourront gagner en 2027.
Le ticket perdant de la carpe
Bernard Cazeneuve, symbole du hollandisme ne pourra jamais réunir la gauche. D’ailleurs comme toute carpe qui se respecte, il ne dit pas grand-chose sur le fond, parce que sa vision sur le plan économique et social est tout simplement inacceptable pour la plupart d’entre nous.
Personne n’a oublié que si la gauche est dans cet état, c’est essentiellement à cause du calamiteux quinquennat Hollande qui a discrédité le PS pour longtemps, peut-être même définitivement.
Et puis faire le choix de placer le choix des hommes au centre du débat, à 4 ans de la présidentielle est une folie. Car on ne voit pas vraiment en quoi Bernard Cazeneuve pourrait être un symbole de protection , surtout dans un temps politique ou la principale préoccupation des français est sociale et que c’est sur ce champ que la gauche est attendue.
En tant qu’ancien ministre de l’intérieur, il aimerait ramener le débat sur la sécurité. Mais il est largement responsable de nos problèmes actuels, l’instrumentalisation de la violence policière pour faire face à des mouvements sociaux, c’est lui qui l’a mis en place avec son compère Manuel Valls, notamment pour réprimer les mouvements sociaux d’opposition à la loi El Khomry, la macronie a juste eu à se mettre dans ses pas ensuite. Il est donc à l’origine du malaise des policiers, instrumentalisés pour réprimer et ceci jusqu’à l’épuisement. Linda Kebab parlera même du fait « qu’on envoie les policiers régler les problèmes économiques et sociaux et qu’ils sont les supplétifs au démantèlement des corps intermédiaires et de l’absence de dialogue social ».
Donc on ne peut pas dire que Bernard Cazeneuve puisse incarner une quelconque protection notamment sur le plan social, par contre il pourrait symboliser une certaine radicalité, malheureusement droitière.
Le ticket perdant du lapin
Jean Luc Melenchon a déjà été battu 3 fois au premier tour. Si on peut reconnaître le côté encourageant des défaites de 2012 et 2017, celle de 2022 est vraiment inquiétante malgré les 22 % car il est le principal responsable de la défaite et surtout de la perte d’influence globale de la gauche. Or après son excellente performance en 2017, il s’est trouvé dans une position ou il aurait pu construire. Il a choisi de détruire et de mépriser. Ca a commencé avec la rupture avec son partenaire des premiers temps le PC à qui il expliquera « Vous êtes la mort et le néant ». En 2019 suite aux résultats des européennes , il commencera à ne plus parler d’union de la gauche mais à mener une approche clientéliste des minorités commençant pour cela à égratigner des valeurs républicaines comme l’universalisme ou la laïcité, à remettre violemment en question des institutions publiques comme la police.
Les partis qui ont essayé de faire un bout de chemin avec Jean Luc Melenchon ont rapidement compris qu’ils n’étaient pas des alliés mais des obligés censés le suivre dans toutes ses dérives. Et quand un parti fatigué d’être méprisé reprends naturellement ses distances, alors il crie à la trahison.
Au fond rien de surprenant, il traite la contradiction avec ses partenaires comme il la traite à l’intérieur de son mouvement, par l’anathème.
Le lapin a le même défaut que la carpe, à 4 ans de l’élection il limite le débat au choix des hommes. Jean Luc Melenchon a une personnalité problématique qui est un obstacle à la démocratie à l’intérieur de son propre mouvement.
Le seul moment ou il aura parlé d’union de la gauche avec ses partenaires, c’est après les présidentielles, lorsqu’ils étaient tous à genoux et qu’il a échangé leur survie contre son hégémonie à gauche. Au fond rien de nouveau, Jean Luc Melenchon n’a jamais d’alliés, juste des obligés dont il pense disposer à sa guise. Il a malheureusement la même approche avec les partenaires sociaux.
La NUPES était un accord électoral totalement déséquilibré, qui aura eu un intérêt à court terme, mais qui ne pouvait pas durer, un programme commun ne se construit pas en 8 jours sur un rapport de force bancal.
Si la gauche reste un champ de ruines ces 4 prochaines années, alors il sortira du bois, comptera sur le vote utile pour essayer de siphonner à nouveau le reste de la gauche. Ensuite il ira s’écraser une nouvelle fois sur son plafond de verre et avec lui tous les espoirs d’alternance à gauche se fracasseront.
Construire un programme commun
Au nom de la défense de valeurs démocratiques, Jean Luc Melenchon veut la 6eme république. Mais peux t’on vraiment le croire quand on constate que ces mêmes valeurs démocratiques sont totalement absentes du fonctionnement de son propre mouvement, ou tout est déterminé au départ par la volonté du chef, c’est à dire la sienne. Quant à la manière dont il traite ses partenaires, c’est à dire ceux avec qui il doit gérer quelques différences, il s’y prend avec la même méthode qu’il emploie pour traiter ceux avec qui il a quelques désaccords à l’intérieur de son propre mouvement, par le mépris et l’anathème. De son coté Bernard Cazeneuve vise une Macron 2017, c’est à dire un espace politique allant du centre à la partie la plus droitière de la gauche. Il espère que l’espace de la Macronie se décalera suffisamment à droite pour laisser un maximum d’orphelins qui pourraient trouver ainsi une nouvelle famille politique grâce à lui. Bernard Cazeneuve manque tellement d’imagination qu’il veut juste faire renaître le Hollandisme. Pour renaitre, la gauche devra donc s’unir au delà de ces deux formes de dérive. Cesser de parler candidat, travailler à un programme cohérent qui apporte à la fois de la radicalité sur le plan économique et social, mais aussi de la protection que ça soit sur la sécurité mais aussi sur le plan environnemental tout en défendant nos valeurs républicaines d’universalisme et de laïcité.
Il nous reste 4 ans, pour, sur ces bases là construire un programme attractif et ouvert à tous les partis de gauche, ensuite nous déciderons collectivement qui est le plus à même de le porter et de rassembler une majorité à gauche.