MÉDIAS : Plutôt l’extrême -droite que la gauche

Le clivage macronie/extrême-droite c’est à dire entre le champion de Bernard Arnault et les champions de Bolloré convient très bien aux ultras riches en France. En effet la démocratie devient dans ce cadre un jeu ou ils gagnent quel que soit le vainqueur.
Que n’a t’on entendu sur le rôle des réseaux sociaux lors des récentes émeutes liées au décès de Nahel ! Pourtant, selon moi le danger est moins dans les réseaux sociaux ou l’on peut choisir son information, comparer les sources, que la télévision qui fait du prêt à penser et du matraquage idéologique à longueur de journée. Les jeunes regardent de moins en moins la télévision et ils ont bien raison. Les autres aussi heureusement mais personne n’est totalement imperméable à ce matraquage, on a pu s’en rendre compte lors des récents événements de Nanterre.
D’ailleurs ceux qui restent majoritairement mono-télévision, les retraités, votent massivement pour Emmanuel Macron, ca n’a rien d’étonnant.
Mais il est tout de même encore inconfortable de dire trop de bien des dérives autoritaires de la Macronie ou de l’extrême-droite, alors les médias ont inventé un nouveau danger pour notre démocratie, l’extrême gauche. Parce que pour eux, il n’y a plus de gauche, juste une extrême gauche qui devient le chiffon rouge que l’on agite pour jeter les électeurs dans l’illibéralisme de la Macronie ou vers l’extrême-droite.
Parce que pour eux l’extrême gauche est partout ! On parle d’une meilleure répartition des richesses, et on crie à l’extrême-gauche ! On se questionne sur l’abandon des grands services publics (santé, éducation, police et justice) et hop extrême-gauche ! Il y a des débats enflammés à l’Assemblée Nationale (ce qui a été le cas de tous temps dans notre démocratie) et ça devient le chahut de l’extrême gauche !
Dans ce bashing général anti-gauche, seul le Hollandisme est épargné, cette gauche estampillée « de gouvernement » qui mène la même politique économique que la droite, cette gauche dont est issu le pire président de droite de la 5eme république, Emmanuel Macron, cette gauche qui, en oubliant de mener une politique de gauche lors du calamiteux quinquennat Hollande a permis le remplacement du clivage droite/gauche par un clivage droite/extrême droite.

Une gauche inaudible avec des grands partis fracturés

Il faut bien dire que la gauche a facilité cet état de fait avec 3 partis ou mouvements qui prétendent chacun à une hégémonie à gauche, en méprisant généralement tous les autres partenaires. Ca fait longtemps que je dis que le mouvement qui permettra le retour de la gauche au pouvoir n’existe pas encore et qu’il ne pourra se faire qu’autour d’un programme commun, un peu à l’image de ce qui s’est fait dans les années 70. La NUPES n’est qu’une alliance de circonstance sur laquelle rien ne pourra se construire. Elle s’est construite sur un rapport de force déséquilibré, très conjoncturel qui n’est déjà plus du tout d’actualité. Si la NUPES avait vraiment été construite pour gagner aux dernières élections législatives, sans volonté d’humilier les partenaires en déroute aux présidentielles (360 circos pour LFI, 190 pour le total des autres partenaires !) les chances d’empêcher une majorité absolue Renaissance/LR auraient été réelles, notamment en tenant compte des implantations locales. Mais quand on voit se qui se passe pour les sénatoriales avec le PS, on voit que la volonté hégémonique n’est pas une spécificité de LFI et quand on observe l’obsession d’EELV d’aller seuls aux européennes, on n’y voit derrière que le désir d’améliorer le rapport de force au sein de la gauche dans l’élection qui leur réussit le mieux.
La stratégie de Jean Luc Melenchon, malheureusement pas encore à la retraite, est en train de plonger son mouvement, et toute la gauche avec, dans la marginalité. Cette théorie de l’insurrection et du grand soir sont du pain béni pour des médias cherchant à illustrer et généraliser leur théorie d’une gauche qui serait extrême dans sa majorité. Les propos d’Alma Dufour lors des émeutes étaient désastreux pour la gauche, et je suis parfaitement à l’aise pour le dire dans la mesure ou c’est une député dont j’avais apprécié plusieurs positions notamment dans sa défense du droit des chômeurs et dont je persiste à penser qu’elle est talentueuse et porteuse de véritables valeurs de gauche malgré sa très malheureuse déclaration sur la « fin qui justifierai les moyens ». Jean Luc Melenchon est en train de pousser LFI et toute la gauche vers le crash, avec comme unique objectif d’apparaître comme la seule alternative pour 2027, voulant nous rejouer le scénario de 2022. Pour cela il aura besoin que la gauche soit aussi désunie qu’en 2022, il y travaille ardemment. Ce scénario est celui qui plait le plus aux médias, car avec Mélenchon comme tête de liste, ils auraient leur casting idéal avec une gauche outrancière et extrémisée, donc avec aucune chance de gagner, la droite et l’extrême droite ayant alors une voie royale pour conserver ou prendre le pouvoir. Jean Luc Melenchon a déjà perdu 3 fois au premier tour des présidentielles, comme Nathalie Arthaud ou Philippe Poutou, visiblement il vise plus haut et compte s’attaquer au record de Arlette Laguiller, détentrice du record avec 6 candidatures !
La stratégie souvent hors sol de certains écologistes, voulant imposer les modes de pensée des citadins et écraser les modes de vie locaux est un cadeau pour le RN. Sur le fond ce parti a encore beaucoup de difficultés à s’inscrire dans une dimension sociale et est souvent totalement axé sur le sociétal. L’aspect environnemental ne peut pas être pensé en dehors d’une dimension sociale, nous devons continuer à avoir l’ambition de ne pas opposer fin du monde à fin du mois et il existe heureusement à EELV des courants qui défendent cette vision.
Le PS est mort de ses différences entre une partie gauche qui pourrait s’inscrire dans un projet commun et une partie droite qui se positionne dans la continuité du Hollandisme. Le PS n’a plus de pouvoir central et n’existe plus que par sa très bonne implantation locale. C’est donc un parti ingouvernable, un amoncellement de baronnies. On le voit bien lors des négociations au moment des sénatoriales ou on a parfois l’impression que ceux qui négocient ne sont absolument pas ceux qui décident.
Le PC ne pourra jamais prétendre à une hégémonie à gauche et c’est ce qui fera qu’il pourrait avoir un rôle important pour créer les conditions d’un grand rassemblement sans laquelle la gauche ne pourra prétendre à des jours heureux.
Mais paradoxalement, malgré ce tableau peu optimiste, il n’y a pas eu un contexte aussi favorable pour la gauche depuis très longtemps avec une population ayant principalement des aspirations sociales. Malheureusement ceux qui ont ce type d’aspirations ont tendance à se rapprocher de l’extrême droite et c’est un véritable problème.

L’illusion sociale de l’extrême-droite

Les médias nous vendent l’image de députés du RN propres sur eux, respectueux en opposition à une gauche agressive.
La promotion d’une nouvelle extrême droite sponsorisée par Bolloré lors des dernières présidentielles avec comme tête de pont Eric Zemmour a aussi bizarrement fait beaucoup de bien au Rassemblement National. Même si ça n’était pas forcément le but recherché au départ, l’émergence d’une extrême droite assumant son racisme mais surtout assumant sa politique économique très droitière et anti-sociale a fait apparaître le Rassemblement National comme un parti respectable avec des aspirations sociales, ce qu’il n’a jamais été.
Et ça marche, l’extrême droite ne fait plus peur et finit même par apparaître comme l’alternative sociale à Emmanuel Macron !
Pourtant il faut regarder ce que vote le RN à l’Assemblée Nationale : contre le rétablissement de l’impôt sur la fortune, contre l’augmentation du SMIC, contre la hausse des impôts pour les plus riches. Ils affirment aussi être pour la retraite a 60 ans….C’est une plaisanterie. Quand LFI, le PC ou la FGR proposent la retraite à 60 ans, c’est crédible parce qu’il y a derrière une réforme fiscale pour financer la baisse de l’âge légal. Le RN est contre toute hausse des impôts notamment celles qui pourraient toucher les grandes fortunes. Alors comment vont-ils équilibrer le budget si ils baissent l’âge légal à 60 ans ? Ont ils menti sur la retraite à 60 ans ou sur la baisse des impôts ? Une piste toutefois, dans extrême-droite, il y a droite…
Le RN est devenu un vote populaire parce que la gauche a failli lors de son dernier passage au pouvoir.
Mais l’extrême-droite est juste une nouvelle nuance de droite…en pire.
Ceux qui vont voter pour le RN en croyant à son virage social en seront pour leurs frais, jamais Bolloré ne soutiendrait l’extrême-droite si il devait y avoir un quelconque virage social. Il faut combattre cette nouvelle escroquerie.

Ne pas perdre 5 ans de plus

Il est évident que les médias vont vouloir pérenniser ce clivage droite/extrême droite avec le joker de nous présenter Bernard Cazeneuve comme une alternative respectable à gauche. Ces 3 perspectives sont acceptables pour eux car aucune ne mettra en danger les intérêts des plus riches.
C’est donc à nous de travailler à un programme de justice sociale et de préservation de l’environnement respectant nos valeurs d’universalisme et de laicité. Tout le monde doit y travailler, a 4 ans des présidentielles ne réfléchissons pas aux choses susceptibles de nous opposer, c’est à dire a la personnalité qui l’incarnera, au parti qui en aura le leadership mais plutôt à construire ce qui nous rassemblera, c’est à dire un programme qui puisse réunir au sein de chaque composante de la gauche et pas seulement dans les partis composantes de la NUPES. Et si on réussit à rassembler des cadres du PS, de LFI, du PC , d’EELV , de la Fédération de la Gauche Républicaine et plus largement de l’ensemble des partis de gauche qui se reconnaîtront dans cette démarche au sein d’une même union, alors il sera bien temps de discuter de la personne qui l’incarnera.
Alors cessons de parler de 2027, arrêtons d’essayer de tenter de nous vendre un nouveau (ou plutôt ancien) prophète, arrêtons l’outrance pour exister et bossons !