L’argument souvent retenu par ceux se prétendant de gauche et appelant à voter Macron est de lier ce choix à des principes « républicains ».
Mais que veux dire au juste être républicain ? La République devrait être ce qui nous unit tous, nous vivons en République, ca ne devrait pas être un objet de clivage ni même un objet de débat. On peut se questionner sur le type de République que l’on souhaite, sur des questions constitutionnelles, mais pas sur les grands principes. Les clivages politiques devraient plutôt porter sur les politiques économiques, les sujets sociétaux, les réponses sociales à apporter en temps de crise.
Une lente dérive de la vision républicaine
L’idéal Républicain a commencé à être mis à mal avec l’arrivée au premier plan dans le champ politique français du Front National, les valeurs de haine, de division, de discriminations portées dans les programmes et les discours de Jean Marie Le Pen semblant incompatibles avec les valeurs de notre république une et indivisible.
Au fur et à mesure du développement des thèses racistes dans le débat public français puis l’arrivée au second tour de multiples candidats d’extrême droite, nous avons vu apparaitre un réflexe républicain : le front républicain face à l’extrême droite symbolisé par la victoire de Jacques Chirac face à Jean Marie Le Pen en 2002.
Puis peu à peu, des hommes politiques se prétendant Républicains sont venus chasser sur le terrain du Front National. Un tournant aura été la campagne électorale des présidentielles de 2007 ou Nicolas Sarkozy siphonnera l’extrême-droite en s’appropriant une bonne partie de leurs idées. A court terme, ça s’avérera être un bon calcul électoral, à plus long terme ça aura une conséquence catastrophique : un candidat aura gagné en sortant du champ républicain tel qu’on l’avait toujours défini. Le processus de légitimation de l’extrême droite était enclenché et l’ensemble du personnel politique allait commencer à abimer la république.
La question de l’extrémisme religieux et de l’islamisme allait remettre la laïcité au cœur du débat avec notamment le débat sur le voile à l’école qui allait semer la confusion au sein de la gauche. Certains, au nom de l’antiracisme allaient s’en prendre à la laïcité. Ironie de l’histoire, la droite montera au filet pour interdire le voile à l’école au nom de la laïcité.
Ainsi, beaucoup de personnes, dans tous les camps se sont mis à détériorer les principes républicains. Au milieu de cette confusion, une extrême-droite aux idées banalisées est en train de s’installer tranquillement au milieu d’un champ politique en ruines dans lequel commencent insidieusement à s’installer des idées inquiétantes, profondément anti-républicaines au sein même du pouvoir macroniste.
L’inquiétante dérive idéologique du macronisme
A ce sujet je vous invite à regarder ce lien avec 3 vidéos de 2 minutes prises lors des tables rondes du trans-humanisme en janvier 2019 ou Amélie de Montchalin, ministre de la fonction publique et proche du président introduira Laurent Alexandre qui commettra une intervention aux accents eugénistes, vomissant un mépris de classe insoutenable, et osant, sous couvert de citer Yuval Noah Harari, qualifier une partie de la population d’inutiles, de loosers opposés à ceux qu’il considère comme des élites intellectuelles, les winners. Certes Philippe Alexandre n’est pas un nazi, il n’a pas proposé de solution finale pour se débarrasser de ceux qu’il considère comme des inutiles. Mais si il n’est pas allé jusqu’à expliquer ce qu’il veut faire des inutiles actuels, il justifiera le trans-humanisme, pseudo science prisée notamment par des milliardaires rêvant d’immortalité, justifiant l’usage de la génétique pour « augmenter » le cerveau humain. Ainsi indirectement il se replie vers les théories les plus dépassées de la sociologie, et notamment l’école positiviste italienne pour qui les comportements auraient un caractère inné, ainsi pour lui, il suffirait juste de réparer les individus, comme si ils n’étaient que des machines déréglées.
A travers cette personnalité, la Macronie, dont lui-même se réclame va au nom de la modernité flirter avec une vision dépassée de la sociologie du 19eme siècle pour qui la génétique expliquerait tout et fait donc l’apologie d’un déterminisme de naissance, niant tout déterminisme social.
Laurent Alexandre parlera du mouvement des gilets jaunes comme la manifestation des inutiles, mais que dire de l’utilité d’un énarque prétentieux se réclamant d’une vision sociologique totalement dépassée ou notre destin serait déjà joué à la naissance ? Laurent Alexandre ne sert à rien, il est le seul à ne pas s’en rendre compte, l’arrogance n’étant pas souvent corrélée à l’intelligence.
Cette vision profondément anti-républicaine introduite sans vergogne lors de manifestations publiques par une ministre importante à travers les propos d’un pseudo intellectuel limité et cynique permets aussi d’expliquer les dérapages de notre président, et notamment son mépris de classe lorsqu’il parle de ceux qui ne sont rien. Elle permets aussi d’expliquer la violence d’état inédite infligée aux gilets Jaunes en 2019.
Les casseroles de la Macronie
L’affaire Mac Kinsey qui voit la haute administration être dépossédée de responsabilités importantes au profit d’organismes privés à des couts exorbitants est un autre mauvais coup à notre république. Il est difficile d’accepter qu’une entreprise commerciale privée se retrouve au cœur des processus de décision. Les intérêts défendus ne sont plus ceux de la collectivité. 2,4 milliards d’euros en 5 ans pour des conseils ? Donner tant d’argent à des cabinets privés, tout en leur permettant de pratiquer l’évasion fiscale, on ne pouvait probablement pas tomber plus bas… Ce sont des honoraires qui s’apparentent plutôt à un pillage d’argent public. Dernièrement près de 300000 euros facturés à un cabinet privé pour conseiller d’envoyer les professions de foi électorales….par La Poste. Tant d’imagination était effectivement totalement hors de portée de notre haute administration ! Laurent Alexandre préconiserait certainement d’augmenter le cerveau de nos hauts fonctionnaires afin qu’ils soient en capacité de décider d’envoyer des courriers…par la Poste ! Mieux vaut en rire…
Emmanuel Macron piétinera allégrement la laïcité, lorsqu’il affirmera comme nécessaire de rétablir le lien abimé entre l’église et l’état. La séparation de l’église et de l’état est un principe fort de notre république, le fondement même de la laïcité…. Je rappellerai aussi le nombre record de ministres et de proches du pouvoir mis en cause par la justice. L’évolution de la Macronie est inquiétante. Quand Viktor Orban arrive au pouvoir en 1998, il est un jeune libéral en vogue, passé par le social libéralisme et personne n’imagine quelle sera son évolution. L’article de libération écrit en 1998 lors de la visite à Paris d’Orban pourrait ressembler à des papiers écrits sur Macron en 2017. Il est encore un peu tôt pour pousser le parallèle trop loin avec Emmanuel Macron mais ce quinquennat est déjà inquiétant sur bien des points. Au vu de ce bilan déplorable, ou notre république est mise à mal comme jamais, on se demande bien ce que Jean Pierre Chevenement peut trouver à la vision républicaine de la Macronie. Si vieillir peut parfois être synonyme de sagesse, pour d’autres ça peut devenir un naufrage intellectuel ou moral.
Ce défilé d’hommes politiques de gauche soutenant Macron n’a donc rien à voir avec un quelconque intérêt pour de grands principes républicains, en souffrance sous ce quinquennat mais pour une raison vieille comme le monde : parce que la soupe est bonne…